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Mountain Experience Course, Southern Alps, New Zealand

31 Jan 14

Carnets de voyage (sorry, only in french) :
Attention, il s’agit là uniquement de notes quotidiennes prises au cours de mon périple. Il n’y a rien de réfléchi, comme c’est écrit sur l’instant, donc à prendre avec des pincettes. C’est là uniquement pour les plus curieux qui ne sauraient se contenter des photos.

Dimanche 26 Janvier 2014 :
Après quelques jours de battement dans ma terre d’accueil néo-zélandaise, il est temps de me préparer pour une nouvelle aventure. Les récits d’alpiniste et autres explorateurs m’ont souvent intrigué. Semblant être la suite logique du trek en montagne, j’ai saisi l’occasion de tester si oui ou non c’était une activité vers laquelle j’aurai envie de me diriger.
Faisant route pour les Alpes du Sud, je suis arrivé du côté de Mt Cook, sommet de notre beau pays. Au travers Alpine Guides, organisme exerçant dans la région depuis les années 1960, j’ai pu attaquer ce matin une formation via deux modules s’étalant sur deux semaines. Le premier a pour but de donner aux trekkeurs le goût de la haute montagne, tout en assurant une transition en douceur. Le deuxième se veut beaucoup plus technique pour tous ceux qui sont sérieusement intéressés par l’alpinisme.
Accompagné de Sean, Myles et Ciaran pour ce premier module, nous serons guidés par Mr Dave. La tranche d’âge tourne autour de 22 ans, quant au niveau, on verra ce qu’il en est demain en montagne.
La journée n’aura été qu’une longue préparation de la semaine à venir alors qu’il n’a pas cessé de tomber une pluie torrentielle dehors.
A juste titre, le guide a fait le tour de nos sacs pour nous dire d’enlever tout ce dont on n’aura pas besoin. Évidemment, l’expérience sera d’autant meilleure si nos sacs sont légers. Néanmoins, cela a entraîné chez moi certaines frustrations. Même si j’ai tout à apprendre en matière d’alpinisme, question marche et survie en autonomie, je commence à connaître mon corps et me satisfaire d’un équipement particulier. Avant de partir il nous a fait signer une décharge concernant les risques inhérents à une telle activité. De la même manière, je souhaite avoir mon matériel si cela devait tourner au vinaigre. Quitte à porter plus lourd, mais au moins je suis en confiance.
Après c’est le premier jour et je n’ai pas envie de commencer à jouer les têtes brûlées. Donc oui, je laisse une bonne partie de ma trousse à pharmacie derrière moi, mais non je refuse, d’abandonner mon Leatherman, mes compresses pour les pieds ou encore mon kit photo/vidéo.
Après ne me demandez pas mon avis sur la nourriture à prendre ou laisser derrière, je ne connais pas le niveau de difficulté à venir et donc la quantité d’énergie dont aura besoin pour accomplir chaque journée. En attendant tout ce que je sais c’est qu’il pleut encore et ce soir… et on dort au village.
Espérons que demain apporte quelques éclaircissements sur les montagnes et tous ces questionnements.

Lundi 27 Janvier 2014 :
La nuit à l’Unwin Lodge aura été compliquée. Pourtant, à part quelques ronflements, on est proche du tout confort. Le problème est que j’ai eu l’intelligence de tomber malade à mon retour de Samoa. Une simple crève au fond, mais en pratique cela veut dire la nuit passée entre nez bouché et nez qui coule, tout en essayant de ne pas réveiller les voisins.
Au final à 6h30 debout pour ma part, le groupe s’est mis en marche sur les coups de 9h. Le ciel s’est merveilleusement dégagé pendant la nuit. L’objectif du jour, le Mueller Hut à 1800m avec un départ du village à 800m. Avant de partir, Dave pèse une dernière fois mon sac, s’inquiétant du poids. Il finit par demander si j’ai l’habitude d’une telle charge, car si ce n’est pas le cas, je ferai mieux de laisser une partie de mon équipement derrière, tant qu’il est encore temps. Ma réponse est évidente. Au delà de mes habitudes, c’est aussi l’occasion pour moi de continuer mon entraînement. Je suis là en formation, à savoir pour apprendre mais aussi tester mes capacités et connaître mes limites. De telle sorte que le jour où je pars pour une expédition sérieuse, je serai en mesure d’être le plus efficace possible en connaissant la manière dont mon corps réagit avec telle ou telle charge sur les épaules.
Les quatre heures d’ascension ont été évidemment fatigantes, mais se sont déroulé sans encombre. Je sais que plus les jours vont passer, mieux mon corps va s’adapter au poids, et la quantité de nourriture à porter va diminuer. Ciaran, quant à lui, a eu plus de problèmes du fait d’un genoux douloureux. Pour l’aider, on lui a administré un petit cocktail de calmant et réparti une partie de son chargement entre le reste de l’équipe.
De là-haut, la vue sur Mont Cook est magnifique.
L’après midi aura permis les premiers apprentissages en neige : du niveau le plus basique à savoir apprendre à marcher dans la poudreuse et se servir d’un piolet jusqu’à maîtriser les techniques d’arrêt d’urgence et ce, dans toutes les positions possibles. Le but du jeu étant de se lancer dans une glissade incontrôlée et parvenir à s’arrêter le plus vite possible. Même si on part sur le dos ou la tête la première. On peut imaginer à quel point cela se révélera utile en cas de dangereuse chute pendant une ascension. On mange la neige plus d’une fois, mais la technique finit par rentrer. Épuisé d’une journée bien remplie, on rentre au campement pour profiter d’une nuit au grand air. En espérant que, cette nuit, une couverture étoilée viendra réchauffer nos rêves…

Mardi 28 Janvier 2014 :
La sélection naturelle. Un concept intéressant décrivant la survie d’une espèce au détriment d’une autre. Cruel mais pourtant inévitable et totalement admis quand il s’agit d’animaux. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’humains ? Qu’en est-il dans le cas d’une expédition où les conditions sont extrêmes et l’objectif relevant du défi. Que ce passe-t’il lorsqu’une personne compromet la réussite d’un tel accomplissement ? Lorsque face aux rêves de certains ayant alimenté tant de sacrifices et d’entraînements, un seul individu risque de tout anéantir ? Ou pire, mettre en danger la vie de tout un groupe ? Que faire dans une telle situation ? Est-il si facile de faire demie tour en faisant une croix sur tout ça ? Ou est-ce que des décisions extrêmes sont admises face à des situations extrêmes ? Est-il facile d’écouter la raison dans de telles situations ?
Je n’ai pas la réponse à ces interrogations. J’ai du mal à imaginer comment je réagirai pris dans une telle problématique. Mais cela me fait de plus en plus réfléchir. Au Groenland, on a fait rapatrier une quinquagénaire suite à une blessure à la cheville, car elle compromettait l’ensemble de l’expédition. Ces jours-ci, Ciaran, du haut de ses 21 ans, a des problèmes de genoux et manque clairement d’entraînement. Cela ralentit l’ensemble du groupe et nous empêche de pousser autant que nous le voudrions. Dans l’absolu ce n’est pas bien grave, tout ceci n’est qu’une formation, donc cela semble naturel de s’adapter tout en gardant le sourire. Néanmoins cela vient souligner à quel point il est important de bien choisir son équipe dans de telles expéditions.
Parenthèse mise à part, la nuit aura été visuellement incroyable. Au final, même sous des températures frôlant les zéro degrés, j’ai presque eu trop chaud en dormant. Sac de couchage, toile, bivy bag… je ne risquais pas de me refroidir! Chaque réveil était aussi l’occasion de contempler les milliers d’étoiles de la voie lactée en spectacle pour nous au milieu des montagnes. Malheureusement, mes compétences photographiques ne me permettent pas encore d’immortaliser de tels moments, mais je tiens bien à y remédier rapidement.
La matinée aura permis l’apprentissage des crampons, ces drôles de montures métalliques pointues permettant la navigation en douceur sur les pentes glacées.
L’après midi a été une mise en pratique avec l’ascension d’un tout petit sommet non loin du refuge. Il est amusant de noter à quel point les premiers pas sont hésitants, bien que justifiés ; la moindre chute peut s’avérer fatale. Néanmoins au retour, la confiance gagne, les habitudes rentrent et on s’élance à travers neige tel des gazelles pleine d’optimisme. Dans l’absolu, il y a toujours des passages difficiles où il faut s’accrocher et c’est l’enchaînement de petits pas, les uns après les autres, qui permettent de progressivement nous sortir d’affaire. En tous cas, du fait que je parte de zéro, je ne peux que progresser, et cela fait plaisir de ressentir une évolution au fil des heures.
On campe de nouveau à la belle étoile ce soir, même endroit qu’hier. A priori il s’agit de la dernière opportunité pour nous avant que la tempête ne vienne s’installer demain. En attendant, je vais essayer de profiter du spectacle stellaire une fois de plus.


Mercredi 29 Janvier 2014 :
La journée s’annonce une nouvelle fois radieuse malgré le changement annoncé pour la nuit prochaine. C’est donc le moment d’aller s’amuser en montagne. La mission du jour sera Mt Kitchener à 2042m. Mais avant tout, profitons de la fraîcheur matinale pour apprendre de nouvelles compétences essentielles à la suite du parcours. Une fois les différents points d’ancrage mis en pratique, chacun approprié pour des conditions de neige différentes, on se met en marche pour le sommet. Ciaran ne sera pas des nôtres cette fois-ci ; l’occasion pour lui de reposer son genoux… et pour nous d’aller plus loin, aussi cruel soit-il à admettre. Dave nous permet à chacun de prendre respectivement la tête de l’encordée, nous permettant à tous d’être en conditions réelles et réaliser les progrès correspondants. En parlant de corde, on en voit dans tous les sens : en ascension pour la sécurité jusqu’à la descente en rappel. L’occasion de s’amuser un peu, même si cela fait beaucoup de connaissances à assimiler d’un coup. A notre niveau, c’est surprenant de noter à quel point une ascension aux apparences rapides devient une épreuve de plusieurs heures lorsqu’il s’agit de faire monter et d’assurer toute une équipe, les uns après les autres, en plaçant les points d’ancrages correspondants.
Arrivé à quasi destination, le passage rocailleux final sonne comme un espace de liberté. Alors que les autres sont moins à l’aise, étant pour ma part habitué avec ce genre de terrain via le Groenland, l’Islande et autres contrées népalaises, je me fais plaisir et me défoule comme un enfant. Au moins ici, je n’ai pas à craindre des pieds gelés à cause de chaussures non imperméabilisées. Note pour la prochaine fois : trouver le moyen d’acheter les miennes à ma taille, plutôt que de me retrouver contraint une fois de plus de louer celles du centre.
La vue du sommet est plutôt agréable malgré un vent qui se lève de plus en plus. Quant au retour, il aura été plus relaxant si on considère les descentes dans la poudreuse en se servant des chaussures en guise de ski… ou des fesses en guise de luge.
Soirée à l’abri du refuge avec Myles nous faisant une fois de plus l’honneur de ses talents de cuisiner. Le vent se déchaîne ici. On dirait que la tempête n’est plus bien loin.


Jeudi 30 Janvier 2014 :
Ce n’est pas facile d’enseigner. On choisit rarement ses étudiants, on ne partage pas forcément les mêmes affinités et tout simplement il y a des jours où on n’a pas envie de faire d’effort. Je comprends trop bien tout cela, ayant à porter cette casquette régulièrement. Mais à côté de cela, il y a des limites à essayer de ne pas franchir, surtout au début quand on ne connaît pas bien qui on a en face de soi. A savoir, par exemple, essayer de ne pas frustrer la personne, ne pas la démotiver et autant que possible ne pas s’énerver. Parce qu’on est humains malgré tout, aucun dérapage n’est inévitable, mais je pense qu’il est important d’en parler à posteriori pour les raisons évoquées ci-dessus.
En toute objectivité, on peut dire qu’on n’est pas parti du meilleur pied avec mon guide. J’imagine que lorsqu’il me dit qu’une partie des affaires que j’emporte est inutile et qu’au final je me retrouve avec un sac plus lourd que ce qu’il aimerait, il doit considérer que j’ignore ses conseils. La réalité est que je les écoute, mais cela ne m’empêchera pas de pousser mon entraînement plus loin en portant plus. Et ce, à partir du moment où je tiens la cadence et que je ne crée pas de problème pour la sécurité du groupe ou la bonne réussite de la formation. Il est ensuite de son devoir de râler si je fais des choses dangereuses, mais si je me penche pour décrocher un point d’ancrage, c’est que j’ai pris le soin d’assurer mon équilibre au préalable. Entre parenthèses, comparé à ce qu’on fait accroché aux ailes d’un avion en vol (…) je me sens suffisamment en sécurité quand j’ai les fesses confortablement posées sur un énorme rocher au milieu des montagnes et que je penche un petit peu en arrière. Pour finir, si je ne suis pas capable de refaire un nœud en particulier ou une technique d’encordage après me l’avoir montré qu’une ou deux fois… ce n’est pas que je suis stupide ou que je mets de la mauvaise volonté. Il s’agit simplement du fait que tout cela est nouveau pour moi, représente beaucoup d’informations, et qu’il va sûrement falloir me le montrer une troisième, quatrième voir cinquième fois pour que cela devienne un automatisme. Si j’ajoute à cela le fait que je sois toujours malade et que cela commence à tomber dans les bronches pour ma plus grande frustration…. j’ai juste envie de dire que d’un côté comme de l’autre, on a sûrement dû mal s’y prendre et on peut ressentir quelques étincelles dans l’air. Rien de bien grave, l’important est d’en avoir conscience pour améliorer la situation. Soit dit en passant, c’est d’autant moins grave que ce premier module se terminant demain soir, je vais bientôt changer d’équipe et de guide quoi qu’il advienne. Si seulement je pouvais être également guéri d’ici là, ce serait un soulagement d’attaquer la deuxième semaine avec un souffle en pleine santé.
Tout ceci mis à part, cela nous avance pas sur le programme de la journée. Rappelons qu’il était annoncé pluvieux. On a en effet eu une tempête la nuit passée ; les vents ont soufflé violemment dans les parages, avec un climax vers quatre heure du matin quand notre guide a eu une expérience somnambulique. A moitié endormi au refuge, il se “réveille” entre les quatre murs du dortoir. Pris d’une crise de claustrophobie, la fenêtre fermée semble apparaît comme sa seule issue… il ne tarde donc pas à essayer de défoncer la vitre à plein coup de poing… avant de se réveiller pour de vrai. Tout comme le reste de la chambrée, terrifié d’un tel vacarme, ne comprenant pas si on vient d’être frappé par une avalanche ou un tremblement de terre.
La matinée a néanmoins apporté son lot de consolations et de douceurs avec des éclaircies venant chasser tous les démons. L’occasion de pratiquer les techniques de corde et ses dizaines de nœuds, accompagnés des différents points d’ancrage utilisés en escalade. Ciaran nous abandonne une nouvelle fois, pendant que le reste de l’équipe part mettre en pratique ces nouvelles connaissances sur les roches voisines. Les voies choisies étaient plus que faciles, mais qu’importe, l’idée est de tester ce que l’on vient d’apprendre en condition réelles, tout en cherchant à travailler sur ses défauts. Car autant si je suis à l’aise sur roche non verticale, même avec un sac à dos chargé, je reste malgré tout impulsif et non endurant. A courir dans tous les sens tel un enfant à Noël, je m’épuise encore trop rapidement. En ayant conscience, je sais que c’est un point que je dois améliorer.
La journée se termine avec un nouveau plat délicieusement crémeux façons Myles. Les nuages reprennent possession des lieux, le refuge est quasi désert. L’heure d’aller profiter d’une bonne nuit de sommeil avant de redescendre demain sur le plateau des vaches.

Vendredi 31 Janvier 2014 :
Dernier jour en ce qui me concerne vis à vis de ce premier module MEC – Mountaineering Expedition Course – et le tout assez tranquille. Le réveil avait un côté magique avec une couverture nuageuse de 300 mètres en dessous de nous, offrant un ciel bleu avec les montagnes baignant dans l’eau. On n’a pas traîné pour autant, décollant sur les coups de 8h30 pour arriver un peu avant 11h au village. Retour à la civilisation, avec l’inévitable douche chaude et vêtements propres après une semaine de vadrouille.
L’après midi est passé très rapidement, faisant quelques cours de navigation sans trop se fouler, en tongue et sous le soleil, accompagné d’une boussole.
Un bon steak et quelques verres de rouge au dîner pour terminer avec une nuit sous la couette ; ce soir, le sac de couchage restera où il est. Demain, de nouvelles aventures.


 
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Posted in 2014 : New Zealand the 31st of January, 2014

 

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